MARJORIE NATUREL DRESSAGE

Les chevaux sont des êtres sensibles et conscients, doués d’intelligence cognitive et émotionnelle. Nous les traitons comme tels : ils ont le droit de nous dire « non », d’exprimer leurs besoins et d’être entendus quand c’est le cas, de faire des choix et de proposer des choses. Ils ne sont ni des machines ni des esclaves.

Les besoins fondamentaux du cheval (vie sociale, fourrage à volonté ou apport régulier sans période de jeune excédent 3/4h, eau claire et mouvement) doivent être remplis. L’éducation et la relation à l’homme ne peut pas assurer à elle seule le bien être du cheval, de manière générale et dans le travail.

Les sphères mentales, émotionnelles et physiques sont prises en comptes à part égale, car tout est lié et tout influence tout. Cela vaut pour le cheval et pour l’humain qui l’accompagne.

Les besoins de l’humain et ceux du cheval ont une importance égale. Les besoins du cheval ne sont pas moins importants que les vôtres. Vos besoins ne sont pas moins importants que ceux de votre cheval. En revanche, les stratégies pour nourrir ces besoins peuvent être changées, modifiées, alternées, adaptées… On attachera beaucoup d’importance à conscientiser ce qui relève du besoin, et ce qui relève de la stratégie, pour nourrir les besoins de tous, en restant créatifs et adaptables. Par exemple : l’intégrité physique. Il est important pour moi de préserver mon intégrité physique, mais rien ne m’oblige à utiliser des méthodes coercitives pour empêcher mon cheval de ruer. Il est important pour mon cheval de préserver son intégrité physique. Mais rien ne l’oblige à me renverser pour échapper aux dents d’un copain de pré.

Notre rôle en tant qu’accompagnant de notre cheval. Nous avons à cœur de développer : notre connaissance générale de l’espèce, notre lecture et connaissance de l’individu en face de nous, notre savoir-faire, notre pédagogie et notre savoir-être. Ces sphères sont d’égales importance et à développer en parallèle les unes des autres, à notre rythme. L’idéal vers lequel nous cherchons à tendre pourrait s’exprimer ainsi : l’humain accompagne son cheval avec calme, bienveillance, patience, cohérence, et sensibilité. Il donne à son cheval des repères clairs, respecte son rythme d’apprentissage et d’intégration, et lui offre sa pleine présence. Il adapte ses propositions à qui est son cheval et à ses besoins. Il fait passer la relation et le bien-être commun avant les objectifs concrets, sans pour autant perdre de vue ces derniers. Il reste aussi à l’écoute de lui-même et de sa vie intérieure, ce qui lui permet de s’arrêter et de faire un retour à soi dans les moments où il n’a plus les moyens d’être un bon accompagnant pour son cheval, puis de retourner vers lui quand il est de nouveau entièrement disponible.

Vision de la réussite. Le fait que l’exercice soit exécuté ne suffit pas en soi. Un exercice est considéré comme réussi quand il présente dans son exécution décontraction, fluidité, expression fasciale et corporelle détendue et confiante.

Vision de la progression. La progression d’un être vivant est par nature non-linéaire, faite de hauts et de bas, de contours et de détours. Elle peut être visible (nouvel exercice ou mouvement appris, qualité d’exécution visiblement améliorée…) et parfois aussi invisible ou subtile (sensations plus agréables, plus développées, variations subtiles de l’équilibre, stabilité émotionnelle…). Bien que l’on cherche au maximum à la vérifier par des paramètres mesurables, elle reste en partie subjective. Et c’est ok.

Tout part d’un état de décontraction, et y revient. Le stress, l’anxiété, la peur et l’excitation font partie de la vie, ils sont inévitables. Cependant, sans chercher à tout prix à les éviter, nous ne les recherchons pas dans notre relation aux chevaux et dans leur entraînement. Notre relation à ces états est la suivante : avoir conscience de leur présence dès les premières manifestations (expressions fasciales et tensions musculaires), et en chercher immédiatement les causes. Puis établir une stratégie, soit pour rendre l’élément difficile pour le cheval plus compréhensible, moins effrayant, moins exigent ou autre, soit pour éviter cet élément, temporairement ou définitivement en fonction de l’élément en question. Nous cherchons l’état de sérénité tranquille à chaque début et fin de séance, ainsi qu’entre chaque exercice ou séquence d’exercices. S’il n’est pas immédiatement présent, le retrouver et y rester le temps d’une pause devient notre principal focus, avant de retourner vers de l’entraînement, peu importe le temps que ça prend.

Usage protecteur de la force et préparation aux catastrophes. Les chevaux sont des animaux grands et puissants. Il est de notre responsabilité de leur apprendre les règles de vie commune qui vont assurer notre sécurité et la leur lors des inévitables imprévus de la vie. Cela inclus le respect de l’espace personnel, une excellente compréhension et intégration du principe « aller dans le sens de la corde/de la main », autrement appelé céder à la pression, et une bonne mobilité. Cela assure que notre cheval puisse être manipulé sans danger par des non-cavaliers, et qu’en cas de situation soudaine de panique, un usage protecteur de la force ait une chance de fonctionner (par exemple, un élément soudain surprend et fait peur à notre cheval, nous pouvons faire une rêne d’arrêt d’urgence pour éviter de se faire embarquer au galop sur une route non praticable, ou un millier d’autres scénarios). 

Responsabilités de l’enseignant :

• Dynamique de formation continue : sur les thèmes de la gestion d’entreprise, de la posture d’accompagnant, de la pédagogie et de la technique équestre au sens large. Cette formation continue peut prendre la forme de cours, de stages, de supervision par un ou des mentors, de formation en ligne et/ou de participation à un/des groupe(s) de pairs. Elle se fait en fonction des moyens à disposition en termes de temps et d’argent, des besoins prioritaires et des opportunités.

• Créer un cadre propice à l’apprentissage. Être apprenant est une position vulnérable, surtout avec les expériences pas toujours très heureuse dans nos scolarités respectives. Créer pour ça un espace de non-jugement, d’accueil, où l’essai-erreur peut se vivre avec tranquillité et douceur.

• Apporter des informations claires, structurées. Équilibrer et doser les temps d’explications théoriques, de silence pour l’expérimentation et de démonstration, pour un apport le plus complet et digeste possible.

• Favoriser l’autonomie, en exprimant le chemin de pensée qui amène à faire tel ou tel choix et en questionnant l’élève, pour qu’il ait les meilleures chances de pouvoir reproduire de lui-même après le cours.

• Donner des consignes de sécurité pour limiter au maximum les risques d’accidents, et s’assurer d’être à jour sur les pratiques de premiers secours.

Responsabilités de l’élève :

• S’assurer que son cheval bénéficie d’une qualité de vie et de soin qui lui permets d’être pleinement disponible à l’apprentissage (besoins fondamentaux nourris, pas de douleur ni de blessures etc.).

• Exprimer quand quelque chose est inconfortable, ne convient pas etc., afin de pouvoir échanger sur le sujet et ajuster.

• S’entraîner entre les séances.

• Garder une cohérence entre la philosophie et les techniques apprises en cours, et celles utilisées le reste du temps, si elles ne sont pas les mêmes.

• Respecter le cadre : horaires, paiements en temps et heure, espace de travail et matériel adapté.

Définition du terme responsabilité dans le contexte de la charte :

• Ce dont la personne a la charge, dont elle s’engage à donner son meilleur du moment pour accomplir. Etant des êtres vivants, nos meilleurs varient d’un jour à l’autre, d’instant en instant. Être responsable est avoir à cœur de faire au mieux, conscient que c’est son rôle et non celui d’une autre partie, tout en étant conscient et en respectant ses propres limites.